Maître Wang Xiangzhaï
(1885-1963)
Fondateur du Yi Quan 

 


Ses débuts

Wang Xiangzhaï eut la chance de naître en 1885 dans le village de "la forêt de la famille Wei" à Shensian dans la province du Hebei. Cette région était également le pays natal de l'un des plus grand boxeur de son temps, Guo Yunshen. Wang apprit les arts martiaux pour renforcer une constitution physique trop fragile. A 14 ans, il commença à apprendre le Xing Yi Quan (la boxe de la forme et de la pensée) auprès de maître Guo. Il devait toute sa vie témoigner une profonde reconnaissance à son premier maître.

 

 
 

 

Son périple à travers la Chine

Après la mort de Guo, il décida de partir de sa région natale à la recherche d'autres maîtres. En 1913, il fut engagé comme instructeur dans l'armée à Pékin. En 1918, à 33 ans, il abandonne sa situation et commence à voyager.
Sa première étape fut le monastère de Shaolin, réputé pour sa boxe de "l'école du coeur et de la pensée" (Xin Yi Men), une technique apparentée au Xing Yi Quan. Après avoir passé quelques mois en compagnie du bonze Henglin, il repart et parcourt le Hubei puis le Hunan, avant d'arriver dans la province de Fujian.

Dans le fief du Shaolin du sud, Wang rencontre un autre expert du Xin Yi Men, Fang Qiazhuang, avec lequel il fraternise et compare sa pratique. Ce dernier lui présente Jin Shaofeng, un expert de la boxe de la grue. Quelque temps plus tard, Wang retourne dans le Hunan.

Il passera plus d'un an dans la province de Chang Sha, auprès du maître Xie Tiefu ( surnommé Grande Barbe Xie), qui pratiquait initialement le Wu Dang Quan, et était reconnu comme le premier maître de la région du sud. Wang a rapporté que Xie le surpassait en combat à mains nues et avec armes. Il devait déclarer : "en dehors de maître Guo Yunshen, je fus profondément influencé par maître Xie".
 Au retour de son voyage dans le sud, Wang a rencontré à Pékin le maître de Tai Ji Quan Yan Shaohou ainsi que Liu Fengchun, un maître de Bagua zhang.


 
   
 

 

La formation du Yi Quan

Dès 1925, Wang entreprit de développer son école. Dans son enseignement, Wang ne suivit pas la tendance qui, à partir des années vingt, accorda une place de plus en plus prépondérante à la pratique des enchaînements (tao-lu). Il trouvait que l'on attachait trop d'importance à la forme extérieure en négligeant la concentration d'esprit pendant l'entraînement. Il créa une méthode personnelle à partir des principes suivants :

" l'intention est dégagée par la forme, la forme se manifeste à partir de l'intention, la posture suit l'intention, la force est émise à partir de l'intention."(tiré du yiquan yaodian).

Sa méthode se fonde sur l'immobilité posture de l'arbre (zhan zhuang), le déplacement (mocabu), le développement et l'expression de la force (shili,shisheng,fali) et le combat avec les "poussée des mains" (tui shou) et la séparation des mains (sanshou).

Il changea le nom du Xing Yi Quan en Yi Quan (boxe de l'intention). Il recruta ses premiers disciples dans sa famille. Puis il se rendit à Tianjin où il se lia d'amitié avec Zhang Zhankui (1859-1940), un boxeur adepte du Xing Yi Quan et du Bagua zhang jouissant d'un important prestige. Ce dernier lui présenta de nombeux élèves parmi lesquels Zhao Enqing , Zhang Entong et Zhao Fengyao.

Trois ans à peine après la fondation du yi quan, Zhao Enqing remportait les épreuves de combat lors de la troisième compétition nationale d'arts martiaux organisée à Hangzhou. A l'époque de ce tournoi, Wang rédigea le premier traité exposant ses conceptions "le Yi Quan Zhengui, le principe juste de la boxe de la pensée".

En 1929, à Shanghai, son cours attira des boxeurs tels que Cao Zhendong, Zhu Guolu, Zhu Guozhen, Bu Enfu. Toujours prêt à démontrer le bien-fondé de ses principes, cette année-là, il affronte victorieusement un boxeur poids léger d'origine hongroise....

 

 
   
 

 

Le nouvel essor

A Pékin, en 1937, le Yi Quan connut un nouvel essort. A peine arrivé, Wang fut défié par une célébrité locale, le maître de boxe Hong Xuru, qui s'avoua vaincu au troisième échange. Stupéfaits par cette défaite, les élèves de ce dernier s'empressèrent de rejoindre la nouvelle école. L'un d'entre eux,
Yao Zongxun
(1917-1985), devait devenir son successeur.

A ce moment, semble t-il, Wang distingua deux cours : le combat (au domicile de Yao Zongxun), et le "Yang sheng", la pratique de santé.

Parmi les visiteurs étrangers, il faut signaler le japonais
Kenichi Sawaï,
un adepte du Budo qui suivit des cours de Yi Quan avant de propager une conception personnelle sous le nom de Tai Ki Ken.

En 1940 apparut le nom de Da Cheng Quan (la boxe du grand accomplissement), qui devait être fréquemment employé entre 1940 et 1946. Ce terme ne semble pas avoir reçu l'entière approbation de Wang Xiangzhai. Quoiqu'il en soit, on considère que c'est au cours des années quarante que l'art du Yi Quan atteignit son apogée.



En 1941, Wang distingua 6 disciples qui étaient parvenus à la compréhension de l'art de combat en leurs donnant un nouveau nom qui contient l'élément Dao (la voie de l'accomplissement).

 

Vidéo de Maître Han xingqiao  
effectuant son Jian wu  dans les années 80
.

 

Zhao Enqing (1907-1990) reçut le nom de Daoxin
Han Xingqiao (1909-2004) reçut le nom de Daokuan
Bu Enfu (1911-1986) reçut le nom de Daokui
Zhan Entong reçut le nom de Daode
Zhao Fengyao reçut le nom de Daohong
Yao Zongxun (1917-1985) reçut le nom de Jixiang 

(successeur de Wa
ng Xiangzhaï).



Vidéo de Maître Yao Zong Xun
 
effectuant son Jian Wu dans les années 80

 

Après l'instauration du nouveau régime en 1949, il abandonna l'enseignement martial pour approfondir les applications thérapeutiques de 
la posture de l'arbre (zhan zhuang gong).

Maître Wang Xiang Zhai s'est éteint en juillet 1963 
dans la ville de Tianjin.

 

 
   
 

Li Jian Yu (1924-2014) avec Maître Wang Xiang zhaï en 1958


Le Yi Quan aujourd'hui

A Pékin, l'enseignement martial continue avec les deux fils de Maître Yao : Yao Chenguang et Yao Chengrong, et avec son meilleur élève Cui Ruibin

Dans le sud de la Chine, les fils de Maître Han XingqiaoHan jingyu et Han Jingsheng, continuent l'enseignement de leur père et de Han Xingyuan

A Hong Kong, les éléves de You Peng Xi (1902-1983) et de Liang Zi Peng (1900-1974) diffusent l 'école de Maître Wang Xiangzhai.

En France
, le Yi quan a été introduit par Ilias Calimintzos, unique occidental à avoir été initié par maître Yao. Il suit maintenant l'enseignement de maître Cui Ruibin. 
Maître
Li Jian Yu (élève de Wang et de Yao) a fait régulièrement des stages en France. Maître Yu Yongnian a aussi initié les Français au Zhan Zhuang. Son enseignement continue avec le maître Guo Guizhi (élève de Yu et de Yao). 
La fille de maître Wang, Wang Yufang (1921-2012), est venue une fois en France par l'intermédiaire de Ming shan (Disciple de Cui Ruibin) pour promouvoir l'aspect santé du Yi Quan.

En Grande Bretagne, le maître Yu Yongnian (1920-2013) a enseigné l'aspect santé (yang sheng). 
En Pologne
, Andrzej Kalisz (un disciple de Maître Yao Chengguang) développe le Yi quan à l'est. 

Pensée du Maître

"
Les grands mouvements ne sont pas 
aussi efficaces que les petits mouvements.
Les petits mouvements ne sont pas 
aussi efficaces que l'immobilité.
L'immobilité est la mère du mouvement éternel "

 


 

 
 


Texte de Maître Wang Xiangzhaï sur le "zhan zhuang gong" 

Texte de Maître Wang Xiangzhaï sur la pratique martiale

Texte de Maître Wang Xiangzhaï sur la circulation du Qi

 

 
 
Sources :

"Shaolin à wudang" de José Carmona   édition Trédaniel
" Dacheng quan" de Guo Guizhi   édition de Charles Antoni l'Originel

Pour les photos et les traductions des textes chinois : http://quanxue.blogspot.fr/

Peinture en haut de la page : Qi Baishi (1864-1957)
Le grand peintre Qi Baishi habitait dans la même ruelle que Yao Zongxun


 
 

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