La pensée chinoise
et le QI GONG Yang Sheng

   

1. La métamorphose et les transformations

« L’Homme rentre dans le métier à tisser, le va-et vient de la navette, la série des transformations recommence  inlassablement. Tous les êtres sortent du grand métier à tisser qu’est le monde, pour y rentrer ensuite. »          Liezi    chapitre 1

Entrer dans la métamorphose est, pour le taoïste, le chemin même de la libération. Or, il est étonnant de voir que  cette  libération n’est pas envisagée comme un affranchissement, mais  comme le laisser-être d’un perpétuel retour à l’unité.       Alexis Lavis   Paroles de sages Chinois

Dans la pratique du Qi Gong Yang Sheng , tous les jours nous tissons des sensations. En gardant l’idée des métamorphoses et des transformations, nous n’allons pas contre, nous écoutons l’intérieur de soi et nous acceptons les changements. Le temps nous métamorphose, nous accumulons pour aller vers la sensation globale de soi et le retour à l‘unité.

 

 
   

2. L’intimité

« Je ne tiens plus compte de ce que peuvent dire les organes sensoriels. C’est une impulsion plus profonde et plus évidente qui guide désormais mes gestes. »        Zhuangzi  chapitre 3

La voie qu’emprunte l’adepte ne peut ni ne doit ressembler à celle d’un autre ; sans lui être « personnelle » (c’est ma voie à moi), elle lui est toutefois absolument propre (la voie me regarde en propre).S’approcher de ce qui est jusqu’à l’intime, tel est le sens profond de la Voie. Être intime revient à s’accorder le plus entièrement à un être ou à une chose afin de s’ouvrir à sa vérité en la prenant en garde au plus profond de nous-mêmes.   Alexis Lavis

En Qi Gong, il ne faut pas imiter ni chercher la démonstration, la pratique est personnelle. La recherche de l’approche des sensations jusqu’à l’intime va permettre de mieux se connaître et d’agir sur soi.

 

 
   

3. Le « Jeûne de la volonté »

« Tu dois d’abord cesser de vouloir à tous vents ! »      Zhuangzi  chapitre 6

Pour être enfin en rapport au réel, il faut gagner l’ouvert, et pour gagner l’ouvert il faut cesser de vouloir. On se ferme en se dispersant et on s’ouvre en ce recentrant. Car, gagner le centre, ou « s’unifier » comme le dit Zhuangzi, n’est en aucun cas « fermer portes et fenêtres » mais « écouter avec le souffle (qi) même »    Alexis Lavis

En qi gong, si la volonté  dépasse nos sensations nous ne suivons plus notre intimité. L’écoute de soi  commence par le vide et le repos. La pensée suivra notre souffle pour aller vers une plus grande vitalité.

 

 
   

4. Le non-agir   "Wu Wei"  無為

« Le monde est un vaste sacré. Il n’est pas quelque chose sur quoi l’on agit. Ceux qui veulent lui imposer leur volonté le détruisent. Ceux qui veulent s’en saisir le perdent. »    Laozi    Dao de Jing  

La volonté est destructive du sacré et la saisie est vaine. La volonté détruit ou souille le sacré, c'est-à-dire ce qui fait le monde c’est à dire l’unité. Les raisons résident dans la partialité fondamentale ainsi que dans l’abstraction de « l’agir »volontaire. Agir «en vue de » consiste à privilégier un aspect plutôt qu’un autre.   Alexis Lavis

En Qi Gong, la notion de non-agir se situe lors de l’écoute des sens (intérieur et extérieur)  Si on bouge ou on fait des mouvements sans écoute on ne suivra pas ces sensations qui nous guident de l’intérieur. Agir pour mieux agir dépendra de notre disposition à entrer pleinement en rapport avec  nos sens
.     Pierre Gaggia

 

ALEXIS LAVIS        Paroles de SAGES CHINOIS        SEUIL


Alexis Lavis est agrégé de philosophie. Spécialisé dans l'étude des courants de pensée orientaux, il est l’auteur de nombreuses traductions de classiques de la pensée chinoise et indienne. Dans les essais L'espace de la pensée chinoise - Confucianisme - taoïsme - bouddhisme (Oxus, 2010) et Paroles de sages chinois (Seuil, 2013), il tente en outre d'éclairer les spécificités des approches chinoises du monde par un travail phénoménologique et une étude poussée de la langue.

 

Pierre Gaggia© mars 2017